Récit de voyage : Émirats Arabes Unis

du 27/11/2016 au 02/12/2016

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27 novembre, jour 158 : Sharjah – Dubaï (37.02 km)

Je débarque avec mes compagnons germanophones à Sharjah, un émirat au nord de Dubaï. On ne sait pas ce que l’équipage a glandé pendant une heure entre l’accostage et le débarquement mais il semble qu’ils soient pressés de nous voir partir au point de nous hurler dessus pendant que nous préparons nos vélos. L’entrée se fait sans visa mais nous attendons encore une bonne heure pour que le passeport soit tamponné. Nous sommes heureusement des mâles et nous bénéficions à ce titre de la priorité, les femelles étant contraintes de nous regarder passer avant qu’elles puissent elles aussi passer les contrôles. Mais chut, c’est un pays allié.

Le gang des cyclotouristes !
Le gang des cyclotouristes !

À l’extérieur, les routes sont nickel et bordées de pelouses, de fleurs où de palmiers, les bâtiments des gratte-ciels aux grandes parois de verre reflètent le ciel bleu et les voitures souvent des 4×4 rutilants. Ça change de l’Iran ! La conduite est plus apaisée, aidée probablement par les routes larges, les klaxons se taisent et les pots d’échappement ne crachent pas leur nuage noir. Le passage de Sharjah à Dubaï est compliqué : ce sont véritablement des émirats différents, il y a comme une frontière entre les deux avec un no man’s land et il faut emprunter une des rares routes disponible qui ne soit pas une autoroute. Idem pour traverser plus loin à Dubaï un bras de mer, il faut faire de grands détours de plusieurs kilomètres.

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Alors que nous faisons une pause au marché de l’or pour souffler un peu et trouver une carte SIM locale qui nous permettra de trouver où dormir, un attroupement d’une trentaine de personnes se forme autour de nous et nos 3 montures. C’est la folie, les questions dans tous les sens d’un Afghan, les photos avec un Algérien, les jus de fruits offerts par un Ouzbek, les contradictions des Indiens sur l’endroit où trouver la carte SIM… Dubaï est l’un des endroits du monde où il y a le plus de diversité humaine, 90% de la population est immigrée et vient d’Europe, d’Amérique du nord, du Moyen-Orient, d’Asie ou d’Afrique. Nous finissons par arriver dans le quartier indien où se trouve l’auberge la moins chère et où nous passons 3 nuits.

Des voitures... Partout...
Des voitures… Partout…
Coucher de soleil sur la plage... On peut apercevoir au loin l'île artificielle en forme de palmier
Coucher de soleil sur la plage… On peut apercevoir au loin les immeubles sur l’île artificielle en forme de palmier

30 novembre, jour 161 : Dubaï – Sharjah (52 km)

Je reprends la route mais avec un changement de plan : je ne vais pas directement à Oman en traversant le désert, je pars vers le nord-est pour rejoindre la péninsule de Musandam. C’est une partie de l’Oman séparée du territoire principal, très montagneuse et donc très isolée. Il n’y a pas de route traversant la péninsule, les déplacements entre les différentes villes doivent se faire en bateau.

Vue sur les tours de Dubaï
Vue sur les tours de Dubaï

Je quitte mes compagnons après le déjeuner, Filbo part vers l’Oman comme j’avais initialement prévu et Siggy reste à Dubaï pour faire son visa indien avant de s’envoler pour Mumbai. Une fois n’est pas coutume, j’essaie de tracer moi-même ma route à travers Dubaï sans calculer le parcours avec le GPS. Terrible erreur que je regrette tout le reste de la journée. Je suis confronté rapidement confronté à un tunnel interdit aux vélos pour passer sous l’aéroport, je suis contraint de faire le tour des pistes sur une espèce d’autoroute autorisée pour les vélos. Je dois patienter parfois 5 min pour traverser les voies de sortie et continuer sur l’autoroute, il est évidemment hors de question de rouler au milieu du trafic lorsque les voies se séparent et que je dois aller à gauche. Une autre fois je finis par rejoindre une autre autoroute mais sans bretelle pour prendre la direction nord, je suis forcé de rebrousser chemin.

Le passage de l’émirat de Dubaï vers celui de Sharjah s’avérant impossible sans un détour de 26km, je m’engage dans le no man’s land servant de frontière. Une traversée de 300m m’attend à travers des dunes de sable fin, c’est un supplice de pousser un vélo chargé dans cette semoule. Je pousse de toutes mes forces pour avancer de 10m puis je me repose quelques secondes avant de répéter l’effort. Heureusement je trouve vite une partie de la clôture affaissée et je me retrouve de l’autre côté, youpiii ! J’avance de quelques kilomètres avant d’abandonner en me retrouvant de nouveau face à des dunes de sable. Le soleil s’est couché et je suis pile devant l’aéroport de Sharjah dans l’axe des pistes. Je passe la nuit sur le sable, bercé par le ballet des décollages et des atterrissages mais heureusement l’aéroport n’est pas très fréquenté…

No man's Land entre Dubaï et Sharjah
No man’s Land entre Dubaï et Sharjah

1er décembre, jour 162 : Sharjah – Kabdah (120 km)

Je me résigne à suivre la route indiquée par le GPS, je ne veux plus passer la journée à chercher une route où je peux rouler et faire des efforts pour rien. Je sors vite du milieu urbain, j’évolue alors entre des étendues de sable, d’industries portuaires au loin et de petits commerces comme j’avais l’habitude de voir en Iran.

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Dans l’après-midi je traverse Ras-al-Khaimah, capitale de l’émirat du même nom. La ville est bien moins dans la démesure que Dubaï, l’émirat est aussi moins riche puisque les puits d’hydrocarbures sont essentiellement au sud du pays, à Abu Dhabi. Alors que je m’apprête à traverser un chenal reliant une baie à la mer, un policier sort de nul part avec son 4×4 et bloque l’entrée du pont brutalement, il s’en faut de peu pour éviter le carambolage. N’ayant pas vraiment envie de faire les 10 bons kilomètres autour de la baie, je passe pépère à côté du 4×4 bloquant la route et profite du pont pour moi tout seul, je peux même m’arrêter et prendre des photos au milieu de la traversée. Je comprends un peu plus loin qu’une personne importante, un émir peut-être, est escortée par 6 gros 4×4 de la police et doit emprunter le pont.

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Je finis la journée après une distance record de 120km. J’ai été aidé par le léger vent favorable mais les 10 jours de repos m’ont permis de reconstituer mes forces. Je puise clairement dans mes réserves, je serais bien incapable de tenir ce rythme plusieurs jours d’affilée. Je dois rejoindre la ville de Khasab au nord d’Oman à temps pour visiter un peu et attraper le ferry ; autrement je passerais une semaine à attendre le bateau suivant ou bien je changerais de destination.

2 décembre, jour 163 : Kabdah – Frontière omanaise (20 km)

Le paysage a changé depuis quelques kilomètres, le désert de sable a laissé la place aux montagnes dénudées. La frontière se situe à l’endroit où la mer vient lécher les falaises. Petite surprise en sortant des Émirats, l’entrée dans le pays était gratuite mais la sortie est payante (33 dirhams soit 8.5€), c’est un procédé que je trouve malhonnête mais il me restait heureusement la somme demandée. L’entrée en Oman est soumise à un visa payant de 5 rials soit 12.5€ pour 10 jours. L’extension du visa coûte la même somme pour 10 jours supplémentaires tandis que le visa d’un mois coûte 20 rials (50 euros) ! Allez comprendre. Il faut donc mentir sur la durée du voyage et demander plus tard une extension si l’on reste entre 10 et 20 jours comme c’est mon cas.

Une affiche pour la prochaine tournée du boy's band local ;)
Une affiche pour la prochaine tournée du boy’s band local 😉
Le désert laisse la place à la montagne en approchant d'Oman
Le désert laisse la place à la montagne en approchant d’Oman

 

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